Les étudiants en sciences de l’information au cœur d’Unipsed

Par Marise Bonenfant et David Thivierge

La recherche se fait trop souvent en silos : à l’intérieur d’un domaine et entre domaines, entre organismes (centres de recherche, universités, centres hospitaliers, etc.) et entre individus. Les connaissances résultant de cette recherche se rendent donc difficilement jusqu’aux intervenants, qui en ont pourtant besoin pour bien travailler. De ces constats est né Unipsed, un projet d’étudiants en psychoéducation. À la base, Unipsed se voulait un organisme qui produirait une information de qualité rapidement accessible. Pour ce faire, il s’appuie sur la communauté dont il fait partie : il invite tous les acteurs s’y impliquant, qu’ils soient étudiants, chercheurs ou intervenants, à écrire un article, afin de partager leurs recherches, leurs résultats ou même leurs outils ou pratiques. Ensuite, un processus de révision par les pairs est appliqué, comme pour une revue scientifique, afin de s’assurer de la qualité du contenu.

unipsed-logo

Unipsed est aujourd’hui un organisme de charité œuvrant dans le transfert des connaissances et regroupant bien plus que seulement quelques étudiants en psychoéducation. Il peut entre autres compter sur l’aide d’étudiants en sciences de l’information (inscrits en techniques de la documentation ou à l’un des programmes de l’EBSI), qui forment maintenant son équipe Information et référence. Bien que la mission de produire de l’information de qualité demeure, il ne faut pas réinventer la roue : d’autres organismes produisent aussi de la documentation de qualité. C’est dans cet axe qu’intervient l’équipe Information et référence, par la sélection de ces documents et leur intégration à la base de données. De plus, l’ensemble de la base de données a été conçu et organisé par l’équipe, car il ne suffit pas de rassembler les informations existantes et d’en produire de nouvelles, il faut pouvoir les retrouver, ce qui nécessite de les traiter correctement.

Acquisition

Unipsed a donc commencé à diffuser les productions d’autres organismes en plus des siennes. Ceci dit, il était plus facile de le dire que de le faire. Comment choisir les organismes, et surtout les documents? Il n’y a que très peu d’organismes dont la production documentaire ne couvre que des sujets propres à intéresser Unipsed. Il fallait donc créer une politique et mettre en place des critères de sélection, ce que fit la responsable de l’équipe Information et référence, une technicienne en documentation maintenant étudiante de l’EBSI. Celle-ci ne s’est pas arrêtée là, car elle a aussi créé les outils servant à la sélection. Le travail d’acquisition ressemble beaucoup au travail d’évaluation des archives, dans la mesure où il faut regarder tout ce qu’a produit un organisme et identifier ce qui est intéressant pour Unipsed. La responsable a donc créé un tableau qui permet d’identifier adéquatement ces ressources. Une fois identifiées, Unipsed approche l’organisme afin de conclure une entente avec celui-ci. Unipsed obtient alors le droit de diffuser ces documents, en s’assurant de bien créditer l’organisme producteur. Le fait de créer ces ententes entre différents producteurs de documents pour centraliser autant que possible l’information pertinente va, on peut l’espérer, encourager une meilleure collaboration entre ces organismes. Si le processus d’écriture invite les différents acteurs du domaine à collaborer, le processus d’acquisition invite les différents organismes à faire de même.

Traitement

Si les étudiants en sciences de l’information ont permis de mieux organiser le processus d’acquisition des documents, ils ont également complètement mis sur pied l’organisation de la base de données. Celle-ci est basée sur une plateforme de blogues (WordPress), faute de moyens pour faire mieux, et le traitement fait pour chaque article était plus que minime avant leur arrivée. Leur base de données rappelait un peu l’explorateur Windows, avec une organisation pêle-mêle. Sans surprise, il était difficile d’y retrouver l’information voulue. À ce niveau, le travail représentait un grand défi : non seulement fallait-il traiter tous les articles, ce dont se charge maintenant l’équipe Information et référence, mais il fallait d’abord déterminer comment le faire. Quels outils, quelles normes adopter?

Pour ce qui est du catalogage, le choix fut on ne peut plus traditionnel : les RCAA2 (avec quelques adaptations) et le format MARC. WordPress ne supportant pas naturellement le format MARC, l’implantation ne fut pas facile, mais l’équipe informatique avec laquelle Unipsed fait affaire a réussi à créer un étonnant plug-in permettant de l’utiliser. D’autre part, les RDA et BibFrame sont actuellement étudiés, pour voir si une transition vers cela serait possible ou souhaitable. Cependant, BibFrame est encore un travail en cours, et les RDA sont couteux. Quoi qu’il en soit, il s’agit de normes qui permettent de décrire toutes les ressources d’Unipsed de façon satisfaisante et qui devraient aussi permettre une transition relativement aisée vers un autre système ou une autre norme, s’il y a lieu.

Pour ce qui est du traitement intellectuel (classification et indexation), le travail fut un peu plus ardu, parce qu’il n’existe pas de thésaurus ou classification spécialisée en psychoéducation et que les ressources plus générales ne sont pas appropriées. Par exemple, le Répertoire de vedettes-matière de l’Université Laval n’ont plus ou moins que l’entrée « Psychoéducation » pour représenter tout ce qui touche à ce domaine. Il a donc fallu créer un outil maison. On a commencé par déterminer plusieurs facettes que les intervenants ou autres utilisateurs seraient susceptibles d’utiliser : problématiques, clientèles, milieux, etc. Un plan à facettes a ensuite été élaboré pour répondre à la fois aux besoins d’indexation et de classification, en utilisant des sources faisant autorité pour les termes de chacune des facettes. Par exemple, les problématiques relatives à la santé mentale ont été largement basées sur la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5).

Unipsed est encore en développement. Il lui reste beaucoup à faire pour accomplir sa mission : fournir une information de qualité, accessible facilement et rapidement pour tous, tout en favorisant la production d’information par tous C’est un outil qui n’existait pas avant et qu’il fallut créer de toutes pièces. Il s’est construit, et continue de se construire, autour d’un principe fondamental : celui de la collaboration. Unipsed invite tous les intervenants à travailler ensemble et brise les silos entre les individus par son processus de création et entre les organismes par son processus d’acquisition. On l’a vu, les étudiants de psychoéducation ont grandement bénéficié de l’aide et de l’expertise des étudiants en sciences de l’information, notamment pour acquérir leur documentation et pour l’organiser. Les sciences de l’information ne sont pas non plus le seul domaine à contribuer. Par exemple, des étudiantes en communications s’occupent du volet diffusion : affiches, infographie, organisation de conférences ou autres événements, présence sur les réseaux sociaux, etc. Unipsed est réellement un projet collectif, à tous les niveaux.

Pour en savoir plus sur le projet ou vous impliquer, consultez le Site d’Unipsed.

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