Valoriser les archives des arts de la scène : une passion – Conférences-midi

Par Liza Leblond

 

(CC)-BY-SA Meshuggah Stage Design 2022, de Kinglevel via Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Meshuggah_Stage_Design_2022,_Ancienne_Belgique,_Belgium._06.jpg

Le 21 mars dernier, l’Université de Montréal a accueilli, dans le cadre des Conférences-midi organisées par l’EBSI, Valérie Lessard, fondatrice de Filigrane Archives. Elle nous parle de son parcours, son entreprise, et des enjeux et défis de l’archivistique dans le domaine des arts de la scène.

Filigrane Archives

Filigrane Archives est née en 2020 d’une volonté de participer à la conservation du patrimoine des arts du Québec. L’idée a toutefois germé quelques années plus tôt, alors que la conférencière étudiait à la M.S.I. à l’EBSI. Madame Lessard a débuté son parcours académique et professionnel dans le monde des arts et de la culture, d’une part comme danseuse, d’autre part comme enseignante de l’histoire de la danse et comme médiatrice culturelle. Ses propres besoins de recherche ont toutefois éveillé un intérêt pour l’archivistique, faisant bifurquer son parcours vers le domaine des sciences de l’information.

En pleine pandémie, le monde des arts de la scène s’est retrouvé figé dans le temps, menant artistes et compagnies à tourner le regard vers leur avenir et leur patrimoine, et sur les traces qu’ils comptent laisser derrière eux. Filigrane Archives, pionnère en son genre, s’est donc retrouvée en haute demande. En effet, comme nous l’explique madame Lessard, les Archives nationales n’ont pas les ressources requises pour pouvoir accueillir tous les fonds d’archives d’artistes québécois; dans la majorité des cas, la responsabilité de conserver ces fonds d’archives tombe donc sur les créateurs eux-mêmes. À cela s’ajoute le contexte particulier des arts de la scène et les singularités qui existent dans la gestion de ces archives, faisant appel à des compétences plus spécialisées dans le domaine des arts. 

Répondant à une question sur un potentiel projet de service d’hébergement des fonds d’archives, la conférencière indique que malgré l’intérêt pour un tel projet, Filigrane Archives ne peut pas présentement offrir l’hébergement des fonds puisque cela requiert d’importantes ressources; les services actuels de l’organisation se concentrent donc autour de l’évaluation, la classification, la numérisation, la création de documentation et la diffusion, en plus d’offrir aux artistes et compagnies des formations leur permettant de devenir plus autonomes dans la gestion de leurs archives.

L’archivistique dans les arts de la scène

L’un des services peut-être plus atypiques offerts chez Filigrane Archives est celui de la création de documentation, qui vise à pallier à certains manques en archives des arts de la scène : l’enjeu de la durée de vie des productions artistiques. L’archiviste invitée mentionne en effet que plusieurs parties du processus artistique et des productions des arts de la scène sont difficilement documentables; la « pérennité » est assurée (si elle l’est) par la passation des savoirs, par la tradition orale. Le processus de gestion des archives de ce domaine passe donc par la discussion avec le ou la créateur.trice, ou toute autre personne impliquée dans ces productions. En ce sens, une façon de documenter a posteriori les productions artistiques est de documenter ces dialogues et le processus de gestion lui-même.

La conférencière note également d’autres enjeux omniprésents dans ce secteur spécifique de l’archivistique. Parmis ceux-ci, des enjeux « politiques » d’éthique et de décolonisation, qui doivent orienter le processus : l’un des projets actuels de Filigrane Archives a d’ailleurs pour objet le fonds d’archives du Festival International Nuits d’Afrique. C’est dans ce contexte que l’organisation mène un projet d’indexation avec le festival, prenant soin de déterminer quels termes d’indexation répondent le mieux aux communautés concernées par ces archives. L’un des objectifs de ce projet est de permettre une meilleure découvrabilité des artistes musicaux de la catégorie dite « musique du monde » (terme qui pourrait d’ailleurs faire l’objet de changement); la valorisation et la diffusion des archives artistiques font partie intégrante de la mission de l’organisation, mettant en lumière le patrimoine québécois des arts de la scène.

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