La médiathèque littéraire Gaëtan-Dostie

Par Mahée Lacourse

Le 18 septembre dernier, une trentaine d’étudiant(e)s de l’EBSI se sont présentés sur la rue De la Montagne, au centre-ville, pour une visite de la médiathèque littéraire Gaëtan-Dostie. Créé en 2008, cet OSBL se consacre à l’exposition et à la diffusion du patrimoine littéraire québécois. Nous avions pour guide M. Gaëtan Dostie lui-même, qui a ponctué la visite de ses commentaires généreux et érudits.

En guise d’introduction, M. Dostie s’est livré à un prélude à saveur historique où il nous a dévoilé qu’il a été incarcéré temporairement à la prison Parthenais au cours de la crise d’Octobre; à ses côtés, Pierre Vallières, Gérald Godin et nul autre que Gaston Miron. Cette première confidence a lancé le ton de la visite : celui d’un rapport intime de notre interlocuteur avec les documents exposés et conservés. De fait, si la médiathèque porte son nom, c’est parce que les dizaines de milliers d’imprimés et d’artéfacts qu’elle comprend ont été colligés par M. Gaëtan Dostie depuis l’âge de douze ans! Ayant gravité autour d’artistes comme Rolland Giguère et Gaston Miron, plusieurs des documents sont même des cadeaux personnels.

Ce vaste corpus témoigne de la culture et de la littérature québécoise depuis le milieu du XIXe siècle. Une partie des documents sont exposés dans un « musée des arts littéraires » qui couvre le rez-de-chaussée et le premier étage, alors que le dernier étage abrite la médiathèque. Les artéfacts présentés en lien avec la littérature québécoise sont variés: romans, manuscrits, affiches de lancements littéraires, peintures, articles de journaux, photos d’écrivains, etc. Cette diversité est chère à notre guide pour qui la littérature a toujours été en phase avec les autres formes artistiques. Pour mieux faire ressortir ces liens organiques entre les œuvres, les documents ont été exposés dans différentes salles selon une logique chronologique ou thématique. Ainsi, une exposition permanente dévoile des trésors de notre littérature nationale de 1830 jusqu’à la Révolution tranquille. Quatre salons couvrent cette période, à savoir le salon du Harfang des neiges (1830-1895), le salon Montréal, au temps de l’École littéraire (1895-1935), le salon Ouverture à la modernité (1936-1948), puis le salon L’âge des paroles, où l’on peut notamment trouver un exemplaire du Refus global. Enfin, d’autres salles d’expositions ont un caractère thématique, telles que celle dédiée à Gaston Miron ou encore celle honorant l’œuvre de Jacques Ferron.

Au sommet de ce « musée des arts littéraires », se trouve, un étage plus haut, « la » médiathèque où sont entreposés les manuscrits et les imprimés. On y trouve notamment tous les ouvrages de poésies publiées au Québec depuis 1840. Par contre, trouver le document que l’on recherche relève du défi, car ici, pas de Dewey! La médiathèque Gaëtan Dostie, aussi riche et imposante soit-elle, atteint ici sa limite : la classification. Comme nous l’avons évoqué plus haut, il s’agit de l’œuvre d’un seul homme. Une classification maison a été établie par ce dernier pour certains genres littéraires tels que les recueils de poésie, mais le manque de temps rend impossible le rangement systématique de tous les documents. La médiathèque n’étant pas accréditée, elle n’est pas éligible aux subventions gouvernementales et donc ne peut se permettre le salaire d’un professionnel de l’information. Ce sont les maigres revenus des activités qui permettent de payer mensuellement le loyer.

La médiathèque Gaëtan Dostie, c’est en effet plus qu’une médiathèque et un « musée des arts littéraires » tournés sur le passé d’une communauté. Les différentes activités de la médiathèque sont aussi axées sur le présent, voire sur l’avenir: soirées de poésie et de chansons, ateliers d’imprimerie typographique, lancements littéraires, soirées cinéma, etc.

D’ailleurs, vous êtes tous invités en tant que futurs bibliothécaires et archivistes à donner vie aux archives de la médiathèque! Le collectif Anarchives, formé essentiellement de diplômés en sciences de l’information et en archivistique est chargé de dépouiller les archives, d’y mettre de l’ordre et de les mettre en valeur à travers différentes expositions ou activités. Rapailler des documents d’archives dans une atmosphère de poésie, pourquoi pas?

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