Par Stéphanie Grégoire
Dans les années 2000, un peu plus de 60 ans après son suicide, Hitler s’éveille au beau milieu d’un terrain vague à Berlin. D’abord déboussolé, puis révolté de voir ce qu’il est advenu de son Allemagne rêvée, il trouve refuge auprès d’un vendeur de journaux. Ce dernier, le prenant pour un acteur, le met rapidement en contact avec une entreprise médiatique d’envergure. S’ensuit une montée vers les plus hauts sommets de la popularité. On l’acclame, on lui en redemande. Enfin, quelqu’un qui ne mâche pas ses mots et qui n’est pas effrayé à l’idée de contester les normes.
Au fur et à mesure que le lecteur progresse dans la lecture de l’ouvrage, une réflexion sur la fragilité de l’équilibre de la société moderne s’immisce dans son esprit. La soif de changement est palpable, ce qui nous rend vulnérables. Nous ne sommes pas à l’abri d’un personnage charismatique habité de mauvaises intentions. Sans oublier qu’il est impossible de faire abstraction des malaises ressentis lors de la lecture. En effet, le livre est rédigé à la première personne. Nous sommes littéralement plongés dans la tête, dans les pensées les plus profondes d’Hitler.
Il est de retour, premier roman de Timur Vermes, un journaliste allemand de père juif, est une satire qui a semé la controverse à travers le monde. Son succès est indéniable : presque deux millions d’exemplaires vendus, traduction en 35 langues, sans oublier le projet de film qui est sur la table.
Dans une entrevue accordée au Paris Match, Timur Vermes, se réjouit de l’impact probable de son roman : « Peut-être qu’avec mon livre, j’ai touché la jeune génération qui se posera les bonnes questions[1] ». Il est vrai qu’avec Il est de retour, le lecteur est amené à se questionner, non pas sur les répercussions des actions de Hitler, mais plutôt sur ce qui a mené à une telle catastrophe, ce qui lui a permis de monter au sommet de la politique allemande. Au second degré, toutefois, l’ouvrage pourrait donner des idées, voire du courage à un individu ou à un groupe d’individus attachés aux valeurs prônées par cet atroce personnage. Peu importe que son apport soit bon ou mauvais, Il est de retour est un roman de nouveau genre, qui demande une ouverture d’esprit, un sens de l’humour particulier et du recul.
[1] « Il est de retour » – Timur Vermes fait führer. (2014, 31 mai). ParisMatch.com. Repéré le 5 novembre 2014, à : http://www.parismatch.com/Culture/Livres/Timur-Vermes-fait-fuehrer-566989